Ce mercredi 17 avril 2024, s’est tenue la 3e journée de la semaine culturelle. Nous plongeons au cœur de ce jour spécial marqué par la rubrique « Procès Fictif », dans lequel sont mis en opposition deux entités de défense autour d’un litige à titre fictif.
En ce jour, ce sont les étudiants en droit qui sont à l’honneur pour présenter leur concours sur la plaidoirie. Par extension, la profession de l’avocat, c’est dans cette étape essentielle d’un procès que les deux parties opposées de ce jour utilisent leur éloquence et leur compétence pour sortir vainqueur de ce procès. Ainsi, l’amphithéâtre ressemblant plutôt à une salle de conférence de peinture vert et marron avec des escaliers remplis de chaises pour les participants a accueilli la plupart des facultés de l’UCAO-UUA autour d’un sujet très controversé.
Il est 14h30 précises, tout est prêt, et la salle commence à se remplir alors que les participants attendent avec impatience le début de la cérémonie. Certains sont absorbés par leurs téléphones tandis que d’autres observent les mouvements des caméramans. Il est environ 15h07. Les membres de la plaidoirie font leur entrée, bien que le concours soit censé débuter par une prestation artistique et se terminer par une autre. Ce changement de programme est dû à une pénurie de personnel sur place. C’est ainsi que le groupe du procès fictif, comprenant 3 juges, 6 avocats, 1 greffier et 1 procureur, entre en scène, marquant le début de l’événement. Les juges portent des toges rouges, tandis que les autres sont habillés en noir. Leur sujet de discussion porte sur « La violence conjugale ».
Mademoiselle Missa Coulibaly, étudiante à l’Institut d’Économie et de Gestion, est de petite taille et a un teint clair. Elle est élégamment vêtue, portant une voile bleue à la manière mauritanienne. Sous son vrai nom, Yelena CISSÉ, elle joue le rôle d’une épouse de 16 ans. Monsieur Ayeba, étudiant en droit et époux de Missa COULIBALY, est de taille moyenne, a le teint noir et arbore une petite barbe noire. Âgé de 41 ans dans le sketch, il incarne le rôle du mari polygame, avec perfection dans les gestes et maturité dans la voix.
Une atmosphère lourde…
L’ambiance est morose et tous les participants regardent la mise en scène des plaidoyers avec calme. Le talent des compétiteurs captive l’attention du public qui, malgré le temps écoulé, est encore concentré. La plaignante Missa avoue être maltraitée par ses deux coépouses et son mari. Elle est en pleurs et dit avoir empoisonné son mari car elle était fatiguée de toutes ces souffrances qu’elle endure. À côté d’elle, nous avons M. Ayeba qui se défend contre les accusations de sa femme. Il affirme qu’il traite bien Mme Missa comme toutes ses épouses avec amour et gentillesse mais elle lui a poignardé dans le dos en mettant du poison dans sa soupe.
Il est 16h30 précises, quand le public est suspendu aux lèvres des juges en attendant le verdict de ce procès fictif qui a l’air réel. C’est dans ce suspense qu’un homme vêtu d’une chemise rose assortie à un pantalon en tissu marron, arborant des lunettes au design qui évoque l’univers pharmaceutique, ajoutant une touche d’érudition à son apparence, nous fait part de son ressenti de façon générale sur l’ambiance dans cette première partie de ce procès. « Contrairement aux jours précédents, l’ambiance de façon générale en ce jour-ci est plutôt calme, tranquille et peu excitante », affirme le père PALÉ Bèbè Gaétan, membre honoraire du théoricien.ci. « À croire que nous sommes dans un véritable tribunal en train d’assister à un procès réel où la cour attend impatiemment le verdict du juge », ajoute-t-il.
Un verdict imprévisible
Il est 16h35 précises quand l’impatience atteint son apogée dans la salle. Les spectateurs se détournent du procès pour trouver refuge dans leurs smartphones, les conversations et même des siestes. La décision finale du fonctionnaire de fin se fait attendre, créant ainsi une atmosphère lourde et ennuyeuse. C’est sous cette ambiance pesante où l’envie de s’éclipser atteint son paroxysme que le juge décide aux environs de 16h55 de faire une pause de 5 à 10 minutes, dans l’optique de donner son verdict final. C’est durant cette pause sous le son bruyant des haut-parleurs, où des personnes exécutent des mouvements de danse avec précision et fluidité, sans faute dans leurs pas, que nous avons recueilli des propos sur l’impression du public autant sur le procès que sur la décision finale du juge. Il est 16h57 précises quand nous rencontrons la Sœur Léance, étudiante en 3e année de droit privé, qui nous donne son avis sur cette interrogation.
« Pour ce qui est de la prestation des différentes parties, il faut dire qu’elles se sont bien débrouillées car tenir la parole devant tout le monde n’est pas chose facile, malgré les répétitions en amont donc je tiens à les féliciter pour ce procès qui fut selon moi une réussite. (…) J’espère que la décision du juge sera en faveur de Missa COULIBALY car, au-delà du fait qu’elle a empoisonné son mari qu’elle a dû marier par contrainte et pas peur, c’est une mineure qui n’avait pas le choix suite aux violences qu’elle subissait dans ce foyer. C’était vraiment pas facile pour elle vu la fleur de l’âge à laquelle elle a été retirée de l’école pour être envoyée dans un foyer car au-delà de son ignoble acte humainement parlant, sa réaction fut néanmoins justifiée. Donc ça serait bien que ce procès tourne en sa faveur, au cas contraire elle pourra faire un pourvoi en cassation. »
Par contre, si elle pense que le procès doit tourner en faveur de la plaignante, Aurélie N’GUESSAN, de la faculté de droit public en 3e année, réfute ces dires en mettant en valeur la solidité et la captivité de l’argumentation, qui selon elle « le procès s’est bien déroulé. Les procureurs ne se sont pas mis dans un théâtre certes, cependant dans le code pénal, un empoisonnement est passible d’une prison à vie et à ce titre le ministère public défendant avec hargne Mr Ayéba mérite la victoire suite à ce procès ».
Le Verdict final
Attendant enfin ce moment, dans ce petit monde, certains restent détendus pendant que d’autres sont nerveux, ayant tous des regards rivés sur la scène. Quelques-uns discutent à voix basse, tandis que d’autres préfèrent rester silencieux, absorbés dans leurs pensées. L’attente pèse lourdement sur leurs épaules, quand chacun espère que la clarté et la justice vont former le résultat de ce procès. Tombant comme un coup de marteau, tranchant et définitif, il est 17h07 quand le juge fait la dernière mise en ordre de la cour avant la clôture de cette affaire longuement disputée. C’est dans cette perspective que le juge déclare à 17h09 précises : « Il n’y a eu aucun meilleur vainqueur à l’issue de ce concours néanmoins, c’est le ministère de la défense qui l’emporte dans son opposition au ministère public ». Le juge lève la séance, aussitôt, la cour se précipite vers la sortie. Par ailleurs, si la décision du fonctionnaire de fin était la plus attendue dans ce programme, des questions se posent quant à l’omission des deux prestations artistiques, censées débuter et achever ce programme du 17 avril, et à la décision finale du juge.
C’est dans le but de lever le voile sur ces questions que Rassem NGARO, étudiant en 1ère année de communication signifie que « Contrairement aux autres jours, celui-ci a été le moins intéressant mais le plus éducatif et spécial car à travers celui-ci l’on a pu percevoir la qualité du mindset des étudiants de droit (…) De plus je suis ravi de ce procès, car à travers celui-ci, j’ai bien apprécié la qualité du juge à trancher l’affaire sur le litige entre ces deux parties tout en restant neutre dans le soutien de l’un d’entre eux », ajoute-t-il.
Rappelons que cette 3e journée de la semaine culturelle s’est achevée avec une seule rubrique au lieu de trois, laquelle s’est terminée par une photo de famille tout en mettant en avant le côté intellectuel des étudiants, particulièrement ceux de la faculté de Droit.
Touvoli Charles & Cissé Kadidiatou