Dans le cadre de la lutte contre l’anarchie urbaine, le ministre-gouverneur du district d’Abidjan, Ibrahim Cissé Bacongo, interdit le commerce ambulant sur les grandes artères ainsi que la mendicité. Selon le décret-projet 2010-272 du 30 septembre 2010, la traite et les pires formes de travail des enfants sont également interdites. De plus, un communiqué du gouvernement ivoirien du 5 août 2013 établit clairement l’interdiction de la mendicité aux abords des routes.
Causée par le chômage et la pauvreté, la mendicité est un fléau grandissant dans les rues d’Abidjan. On les trouve souvent aux feux tricolores, devant les mosquées ou à chaque arrêt, quémandant de l’argent malgré toutes les mesures prises par les autorités ivoiriennes. Dans la commune d’Adjamé, la majorité des individus impliqués dans la mendicité sont des enfants âgés de 7 à 16 ans. Chaque jour, ces jeunes s’approchent des passants pour demander de l’argent. Certains tendent leur main en pleurant, tandis que d’autres utilisent des histoires tristes ou des situations difficiles pour susciter la compassion.
Les commerçants ambulants sont également concernés. Leur présence massive sur les routes principales de la commune crée des problèmes de circulation qui affectent considérablement la vie quotidienne des usagers de la route. Cette mesure, visant à mettre fin à l’anarchie urbaine dans la capitale économique, suscite de vives interrogations quant à l’interdiction de la mendicité et du commerce ambulant sur les grandes artères.
Kacou Charles, informaticien, déclare : « Je pense que c’est une bonne idée d’une part, surtout pour la mendicité. D’autre part, pour le commerce ambulant, je ne soutiens pas l’idée, car le marché du commerce est saturé au point où la clientèle se fait rare. Certains commerçants se sentent obligés d’aller vers les clients en faisant du porte-à-porte, car étant assis dans le marché, ces clients, malgré le besoin, n’auraient pas le temps d’y faire un tour pour se procurer ces marchandises. Bien que cela soit parfois source de désordre, notamment pour certains vendeurs qui sortent de leur cadre habituel comme les gares et se mettent dans les rues, empêchant la circulation voire même harcelant les conducteurs. Il serait judicieux de les cibler et de les limiter à leur périmètre. »
Ouedraogo Salifou, un vendeur ambulant, exprime : « C’est le seul travail que nous pouvons faire et que nous avons trouvé à faire. Si le gouvernement nous interdit de travailler, nous allons voler. » Kindo, une mendiante, déclare : « Ça me fait mal, moi et mes enfants, on n’a rien à manger maintenant, et on est ici et on nous chasse encore. »
Cette pratique était déjà interdite depuis 2013, mais une tolérance s’était installée dans les faits. C’est de nos jours que le district autonome d’Abidjan a décidé d’y mettre fin à travers des contrôles policiers intensifiés.
Koffi Koffi Maryland